88 % des familles en situation de handicap estiment ne pas être intégrées dans la société française. A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées du 3 décembre, les résultats de la 8ème enquête nationale d’opinion réalisée par Ipsos pour Handicap International et ses partenaires l’Apajh et Leroy Merlin, soulignent l’inquiétude des familles en situation de handicap et les difficultés qu’elles rencontrent au quotidien.
L’accessibilité aux infrastructures publiques est évaluée sévèrement.
Pour une majorité des foyers interrogés, le problème de l’accessibilité des infrastructures publiques reste d’actualité. C’est notamment le cas de la circulation piétonne en ville, incriminée par 70 % des foyers et des transports publics (SNCF, métro, bus, avion), 67 % considérant qu’il est aujourd’hui difficile d’y accéder à l’endroit où ils vivent (contre 66 % en 2003, soit + 1 point). Les équipements sportifs et culturels et les services publics (mairies, Poste ou administration) sont jugés difficiles d’accès par respectivement 60 % et 52 % des foyers (contre respectivement 57 % et 49 % en 2003). Seule l’école bénéficie d’une perception plus équilibrée. On notera toutefois que plus de quatre familles sur dix (44 %) jugent son accès difficile.
L’adaptation de l’habitat au handicap, une évaluation de la situation apparemment positive…
Point positif, on note que 76 % des foyers interrogés considèrent que leur lieu d’habitation est aujourd’hui « globalement » adapté à la vie quotidienne de la personne handicapée. Toutefois, une part non négligeable (24 %) fait état d’une non adaptation de ce cadre de vie.
Cette proportion est d’ailleurs sensiblement plus élevée pour les familles au sein desquelles on trouve des personnes polyhandicapées (37 %) ou handicapées physiques (34 %).
Dans le détail, les résultats de l’enquête montrent que les différentes pièces de l’habitat sont très majoritairement perçues comme étant faciles, voire « très faciles » d’accès. Le séjour (66 %), la cuisine (56 %), les couloirs (53 %), l’entrée de la maison ou de l’immeuble (53 %), la ou les chambres (50 %), les sanitaires (46 %), le jardin (44 %) sont jugés « très faciles d’accès » par une majorité des personnes interrogées, environ un quart des foyers jugeant chacun de ces endroits « plutôt faciles d’accès ». Il est toutefois à noter que l’accès aux différentes pièces de l’habitat est bien plus souvent jugé difficile par les familles au sein desquelles il y a des personnes en situation de polyhandicap ou de handicap physique. C’est notamment le cas de l’accès aux sanitaires (44 % en cas de polyhandicap et 36 % en cas de handicap physique, contre 25 % pour l’ensemble des foyers) mais aussi de l’accès aux chambres (respectivement 31 % et 27 % contre 20 % pour l’ensemble des répondants) ou encore de l’accès à l’entrée de la maison ou de l’immeuble (respectivement 30 % et 23 %, contre 18 % pour l’ensemble).
Cette satisfaction globale explique pour une part que lorsqu’ils sont interrogés sur les équipements dont ils auraient aujourd’hui le plus besoin pour la personne handicapée, la moitié des foyers concernés n’exprime spontanément aucun besoin particulier (48 %). Lorsque le besoin est exprimé, il porte principalement sur l’existence d’une salle de bain adaptée - baignoire sabot, douche de plain-pied (33 %, dont respectivement 52 % et 46 % pour les familles au sein desquelles on trouve une personne polyhandicapée ou handicapée physique), loin devant tous les autres types d’équipement.
… qui masque des situations difficiles, un manque d’aide lors de la réalisation des travaux et une certaine solitude
Pourtant, l’analyse des réponses données par les personnes estimant aujourd’hui que leur logement n’est pas adapté laisse apparaître une réalité plus contrastée. De fait, ces dernières se montrent logiquement beaucoup plus critiques sur l’accessibilité. Pour le coup, certaines pièces et non des moindres sont ici perçues comme majoritairement « difficiles d’accès ». C’est le cas de la ou des chambres (62 %), des sanitaires (67 %) et dans une moindre mesure de l’entrée de la maison ou de l’immeuble (47 %).
Pour les foyers qui affirment vivre dans un logement inadapté au handicap, l’aménagement de l’espace en vue d’une facilitation de la vie quotidienne de la personne handicapée est perçu le plus souvent comme urgent (45 %) et pour une part moindre, il est important mais pas urgent (35 %). Seulement 20 % estiment qu’il est aujourd’hui secondaire. A ce titre, 57 % des interviewés déclarant vivre dans un endroit inadapté à la vie quotidienne de la personne handicapée affirment prévoir de réaliser des travaux « dans un avenir proche », et 28 % en ont déjà réalisé. Pour la quasi-totalité de ceux ayant fait réaliser des travaux (82 %), le coût a été perçu comme cher, voire très cher pour 44 % d’entre eux, bien que le logement soit toujours perçu comme inadapté.
Toutefois, près de 3 interviewés sur 10 déclarent ne pas avoir réalisé d’aménagements (28 %), pour des raisons le plus souvent liées au manque de moyens financiers (38 %) ou à la nature du handicap (38 %).
Commentaires